BOUGE !Depuis le confinement, la sédentarité s’est aggravée chez les enfants

Trop d’écrans, moins de sport… Depuis le confinement, la sédentarité s’est aggravée chez les enfants

BOUGE !Enfants et adolescents ont passé beaucoup plus de temps sur les écrans depuis le début du confinement, au détriment de l’activité physique, pourtant essentielle à leur bonne santé
Accros aux écrans, les enfants ne pratiquent pas assez d'activité physique, ce qui peut avoir des conséquences sur leur santé. Et c'est pire depuis le confinement.
Accros aux écrans, les enfants ne pratiquent pas assez d'activité physique, ce qui peut avoir des conséquences sur leur santé. Et c'est pire depuis le confinement. - SIPANY/SIPA
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • Les activités sédentaires sont en hausse chez les enfants et les adolescents depuis le début du confinement.
  • Davantage de temps d’écrans, et moins d’activité physique.
  • Pourtant, la sédentarité n’est pas sans effets délétères sur la santé des plus jeunes.

Ecole à la maison, augmentation du temps sur les écrans. Plus de jeux vidéo et moins de sport. Si les enfants étaient déjà trop sédentaires en France, cette tendance s’est largement aggravée avec le confinement lié à l’épidémie de Covid-19, et risque de persister longtemps, s’alarme un médecin expert du sport sur la base d’une nouvelle étude * publiée ce jeudi.

L’étude, faite avant et juste après le confinement, montre que les activités sédentaires prédominantes chez les jeunes de 6 à 18 ans (télé, Internet, jeux vidéo…) ont fortement progressé durant le confinement. Elles ont représenté 33,3 heures en moyenne par semaine, contre 22,6 heures avant le confinement, soit une hausse de près de 50 %. Une sédentarité néfaste pour la santé des plus jeunes.

14 % des jeunes n’ont pas fait du tout de sport pendant le confinement

Dans le détail, les jeunes déclarent avoir passé 10 heures par semaine en moyenne à regarder la télévision (contre 6,7 heures avant le confinement), 7,7 heures à naviguer sur Internet (contre 5,2 heures), 7,2 heures à jouer aux jeux vidéo (contre 4,7), 5,1 heures à discuter avec leurs amis via les réseaux sociaux et par SMS (contre 3,7 heures). Petite nouvelle réjouissante : leur temps passé à lire a augmenté d’une heure. Une hausse des activités sédentaires qui s’est faite au détriment de l’activité sportive, qui a baissé chez les enfants et adolescents durant le confinement, passant de 3,5 heures début mars à 2,7 heures par semaine, selon les déclarations. En ajoutant des activités comme marcher ou faire du vélo, les enfants ont consacré en moyenne 5,5 heures par semaine à l’activité physique durant le confinement (contre 6,1 h avant).

Le maintien d’un certain niveau d’activité physique pendant le confinement reste irrégulier et insuffisant : 6 enfants sur 10 n’ont pas eu d’activité physique tous les jours, alors que la recommandation de l’OMS est d’une heure par jour. Plus inquiétant encore, 14 % des jeunes n’ont pas fait du tout de sport durant cette période, taux qui grimpe à 20 % chez les lycéens. Un confinement aux lourdes conséquences : certains enfants « qui ne sont pas sortis du tout pendant trois mois se retrouvent avec un déficit de leurs capacités : ils n’arrivent pas à monter un étage », s’inquiète le Pr Jean-François Toussaint, directeur de l’Institut de recherche Biomédicale et d’épidémiologie du Sport (IRMES).

Moins de sport, plus d’écran et de grignotage

« Mes fils passaient déjà du temps sur leurs jeux vidéo, mais pendant le confinement, leur temps sur les écrans a encore augmenté, reconnaît Pauline, maman quadragénaire de trois adolescents. J’ai été très vigilante sur l’assiduité scolaire, mais c’est vrai qu’entre la fin de l’école, l’impossibilité de sortir, ne plus voir les copains, j’ai un peu lâché la bride sur le reste, et on s’est fait davantage plaisir pour les goûters, avec plus de gâteaux maison et de friandises, confie la mère de famille. Je les ai bien poussés à faire du vélo dans le jardin, mais ce n’était pas toujours couronné de succès. Et pour mon fils cadet, dont les entraînements de foot se sont arrêtés du jour au lendemain, ça a été difficile, et je vois qu’il a pris un peu de poids ces trois derniers mois ».

« C’est connu depuis longtemps, la sédentarité a des effets délétères sur la santé des enfants : elle favorise la prise de poids, avec la tentation des écrans et du grignotage d’aliments riches en sucre pour tromper l’ennui, explique le Dr Jean Lalau-Kéraly, pédiatre nutritionniste spécialiste de l’obésité infantile. J’ai reçu en consultation une adolescente qui passait quatre heures par jour rien que sur son smartphone ! Le manque d’activité physique, l’explosion du temps passé sur les écrans – dont la lumière bleue perturbe la sécrétion de mélatonine et engendre des troubles du sommeil –, tout cela a en outre des conséquences sur les facultés intellectuelles et provoque des troubles de la concentration », avertit le pédiatre nutritionniste.

« La reprise de l’école est une très bonne chose »

Même constat du côté de Santé publique France, qui publie également une étude cette semaine sur la sédentarité des Français qui s’est accrue durant le confinement, en particulier chez les jeunes adultes, mais aussi les enfants et les adolescents. « Ces résultats confirment la nécessité de renforcer les actions de lutte contre la sédentarité des jeunes adultes, mais aussi des enfants et des adolescents, qui sont peu sensibles aux longues périodes de temps passé assis ou allongé, contrairement aux personnes plus âgées » indique Anne-Juliette Serry, responsable de l’unité nutrition et activité physique à Santé publique France.

Alors, pour éviter que cette sédentarité supplémentaire ne s’installe au détriment de la santé des enfants, « il faut leur donner le plus possible d’accès à toutes les activités physiques et sportives pendant les deux semaines d’école qui restent et les grandes vacances », insiste le Pr Toussaint. C’est pourquoi « la reprise de l’école pour tous les enfants est une très bonne chose, se réjouit le Dr Lalau-Kéraly. D’autant que l’on sait que les enfants ne sont pas vecteurs de transmission du Covid-19, que leur exposition aux autres coronavirus, comme les petits rhumes et autres maladies hivernales, a sans doute créé chez eux une forme d’immunité croisée ». Et heureusement, « il n’est jamais trop tard en pédiatrie pour rectifier le tir, assure le pédiatre, optimiste. Il suffira de profiter de l’été pour faire des activités de plein air, du vélo ou encore de la natation, et les effets délétères du confinement ne seront plus qu’un mauvais souvenir ».

* Etude réalisée en ligne par Harris Interactive pour l’association Assurance Prévention/IRMES, qui s’est déroulée en 2 temps (26 février-2 mars et 28 mai-4 juin) auprès à chaque fois d’un échantillon représentatif d’un millier d’enfants.

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