Rentrée scolaire: l'uniforme à l'école, une pratique qui a toujours la cote
- Publié le 30-08-2018 à 06h45
- Mis à jour le 30-08-2018 à 07h29
Réinstaurer les uniformes en milieu scolaire permet aux écoles d’asseoir leur autorité La réinstauration de l’uniforme s’accroît depuis une grosse dizaine d’années. "Depuis onze ans, j’ai instauré l’uniforme dans notre école sous forme de code couleur" , explique Bernadette Zarzecki-Maes, directrice de l’école primaire Notre-Dame à Rhode-Saint-Genèse. "Cela évite une compétition entre les élèves concernant les marques ou les couleurs de vêtements."
Bien sûr, la directrice reste lucide. Ce n’est pas parce qu’il y a un uniforme que les différences sociales disparaissent. "Mais elles ont diminué. Les enfants ayant moins de moyens se sentent plus à l’aise. L’uniforme donne de la sérénité à l’école."
Bien que le nombre d’écoles optant pour un uniforme est en augmentation, rares sont celles qui optent pour un vrai uniforme. Mais au-delà du code couleur, des établissements scolaires comme l’institut Marie-Immaculée à Anderlecht poussent le bouchon plus loin en réglementant la coiffure des élèves. Le leitmotiv du directeur Marc Vande Weyer : "Notre volonté est que les enfants ne cherchent pas à se distinguer par leurs vêtements mais par leur travail."
Depuis 2009, l’école primaire dispose d’un code couleur et d’une liste de vêtements autorisés. L’école vend ses vêtements à des prix raisonnables, sans obligation d’achat. Avant l’uniforme, les dérives étaient fréquentes. "Nous avions tendance à avoir des élèves qui confondaient l’école avec leur club de foot."
Malgré son augmentation, l’uniforme ne fait pas l’unanimité. "L’adolescent a besoin de se définir avec ses vêtements. Il peut exprimer sa personnalité grâce à ces derniers" , rappelle Véronique de Thier de la Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel. "La vraie question est : est-ce que l’école doit vraiment vivre en dehors de la société ?"
Comme l’explique le professeur à l’UCL en sociologie de l’éducation Hugues Draelants, l’uniforme peut être vu comme un refus de s’adapter à la société de la part de l’école. Et à l’inverse, il peut préserver les élèves des normes imposées par la culture ou par des camarades. "C’est ambivalent. Il y a du pour et du contre mais l’argument avancé concernant la suppression des nuances sociales n’est pas juste. L’uniforme n’empêche pas les distinctions. Il y a plein d’autres façons de se différencier, via le smartphone, le sac, les marques…" L’uniforme n’est pas le remède pour faire disparaître la discrimination.
Par contre , imposer un uniforme est une manière de redorer l’image d’une école. "L’uniforme montre une reprise en main de l’école. C’est un facteur d’attractivité" , précise le sociologue. Par ce biais, l’école montre qu’elle souhaite réaffirmer ses règles. Elle instaure une frontière entre l’école et le dehors. "L’uniforme est le signal qu’on vient à l’école pour travailler. La personne met son adolescence de côté car, à l’école, il est un élève", précise Hugues Draelants, professeur en sociologie de l’éducation à l’UCL.