Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Le coronavirus ou la primauté des Etats

Eduquer, soigner, protéger : plus que jamais, la redéfinition et la consolidation de l’Etat-providence moderne passent par ces trois missions fondamentales. Mais l’interdépendance des économies n’est pas un interrupteur qu’on peut allumer ou éteindre à sa guise.

Publié le 16 mars 2020 à 11h57, modifié le 16 mars 2020 à 18h13 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

Analyse. Un monde au ralenti, pétrifié. Une obsession hypnotique : celle des chiffres de la contamination. Nous voilà pris dans un moment de stupéfaction collective d’autant plus inédit qu’on n’en voit pas la fin. Nous frissonnons devant notre fragilité en partage, tout ce qu’elle met en jeu au-delà de la recension des malades et des morts, et nous nous replions sur nos pays, nos villes, nos logements.

Le coronavirus ne représente pas seulement une crise majeure de santé publique. Il nous soumet à une évaluation de notre résilience, de nos solidarités, de notre capacité à faire corps collectivement. Ce qui nous paraissait acquis ne l’est plus. A l’échelle des citoyens comme entre les pays, la collaboration et l’entraide s’entrechoqueront avec la tentation de l’égoïsme et du repli sur soi.

Déjà, l’espace Schengen, l’un des plus grands acquis européens, est mis entre parenthèses. Le retour tragique du risque permanent et de la mort dans la vie quotidienne, puis la récession économique à venir, d’ampleur inconnue, vont affermir le rôle des Etats. Ils n’avaient aucunement disparu, mais leur marge de manœuvre était réduite par la puissance des multinationales et la mondialisation.

Une épreuve redoutable

Déjà, le coronavirus est un exceptionnel révélateur de la solidité de nos dirigeants et au-delà, de nos systèmes politiques, de leur transparence, de leur résolution à plier les droits individuels pour sauver des vies. Dire que les démocraties sont mieux parées que les dictatures à l’affronter semble bien hâtif, dès lors que nous n’avons pas franchi le pic de la contamination.

Quelques constats se dessinent. La dissimulation fait perdre un temps précieux. Le déni bureaucratique d’origine du régime chinois a ensuite fait place à une mobilisation de grande ampleur, radicale. En Iran, l’improvisation et l’amateurisme ont décimé jusqu’à l’appareil politique lui-même. La propagande y attribuant le coronavirus à une conspiration étrangère ne convainc personne.

L’administration Trump, fâchée avec la vérité et les faits, connaît elle aussi une épreuve redoutable. En minimisant le danger, la Maison Blanche a donné le temps au virus de prospérer. Aucune salve de Tweet ni de contre-feux xénophobes ne pourra amoindrir le reflet désastreux qu’aura présenté le gouvernement fédéral. Là encore, l’opposition « démocratie contre dictature » n’est pas d’un grand secours pour juger la réponse.

Derrière l’impréparation se dessine en revanche l’enjeu structurel d’un système de soins pour tous. Aux Etats-Unis comme en Europe, le coronavirus pose la question de l’hôpital public, de la dignité due à chaque personne, quel que soit son niveau de revenu. Eduquer, soigner, protéger : plus que jamais, la redéfinition et la consolidation de l’Etat-providence moderne passent par ces trois missions fondamentales.

Il vous reste 52.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.