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« Le combat contre l’épidémie ressemble davantage à la drôle de guerre qu’à la grande »

En paraphrasant Clemenceau, Emmanuel Macron a voulu unir toutes les forces de la nation, mais la société reste déboussolée par les injonctions contradictoires de l’exécutif, estime dans sa chronique Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 24 mars 2020 à 03h17, modifié le 24 mars 2020 à 05h20 Temps de Lecture 4 min.

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Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du 16 mars.

Au milieu de ce quinquennat qui se voulait vierge de tout passé, en rupture avec le vieux monde, a surgi un personnage historique chenu mais incontournable par temps de guerre : Georges Clemenceau. Certes, le président de la République n’a pas explicitement convoqué le Père la Victoire dans son allocution télévisée du 16 mars mais il n’a pas hésité à le paraphraser lorsqu’il a rendu hommage aux personnels soignants qui « ont des droits sur nous », comme naguère les poilus de la guerre de 14-18. Et il s’en est constamment inspiré lorsqu’il a martelé à six reprises et pour marquer les esprits : « Nous sommes en guerre. »

Quelles forces était donc parvenues à soulever l’homme âgé de 76 ans qui, appelé par Raymond Poincaré pour redevenir président du conseil, était monté à la tribune de l’Assemblée nationale le 20 novembre 1917 pour annoncer : « Nous nous présentons devant vous dans l’unique pensée d’une guerre intégrale » ? Le pays guerroyait alors depuis trois ans mais les très lourdes pertes humaines qu’il avait subies dans les tranchées entretenaient le défaitisme.

En prenant les rênes du gouvernement, le Vendéen n’était pas du tout assuré de remporter la guerre mais il en avait la farouche volonté et appuyait son action sur deux principes intangibles : l’exécutif devait être énergique et décidé, et toutes les forces de la nation devaient être unies contre l’ennemi. « Il faut que chaque citoyen, où qu’il soit, prenne sa part de responsabilité », avait-il lancé. Depuis le déclenchement des hostilités en 1914, le Tigre n’avait cessé de fustiger dans son journal L’Homme libre, devenu après la censure L’Homme enchaîné, « l’insouciance » des uns et « la mollesse » des autres.

Margoulins

N’est pas Clemenceau qui veut. Une semaine après le déclenchement des hostilités, le combat contre l’épidémie de Covid-19 ressemble davantage à la drôle de guerre qu’à la grande. On y compte son lot d’insouciants qui ont pris le confinement pour du farniente, confondu la route de l’exode avec celle de leurs résidences secondaires pour réaliser tardivement qu’ils ont pris le risque de contaminer leurs concitoyens dans des zones plutôt épargnées. Les margoulins sont là aussi qui font main basse sur les masques, devenus la denrée la plus rare, dans l’espoir de les revendre au prix fort.

L’opposition politique, privée de sa revanche depuis le report sine die du second tour des élections municipales, refuse de se laisser enfermer dans l’union sacrée. Elle promet d’être « responsable » (Les Républicains), « non agressive » (La France insoumise) mais annonce son lot de commissions d’enquête, une fois l’épidémie endiguée, dressant déjà la liste de tout ce qui ne marche pas : la réaction trop tardive du gouvernement face à l’ampleur du désastre, la pénurie de matériel, le manque de tests, etc.

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