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Coronavirus : « Le confinement accroît la violence des “petites inégalités” »

Dans une tribune au « Monde », le sociologue François Dubet redoute la montée d’un sentiment d’injustice au sein d’une partie de la population. La recherche de boucs émissaires pourrait devenir tentante.

Publié le 25 mars 2020 à 23h16, modifié le 27 mars 2020 à 09h59 Temps de Lecture 4 min.

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Manifestation du mouvement des « gilets jaunes » contre les inégalités sociales, à Montpellier, le 9 novembre 2019.

Tribune. Avant la pandémie, les économistes, et plus largement les sciences sociales, dénonçaient d’abord et surtout les très grandes inégalités sociales : les 2 %, les 1 %, voire les 0,1 % ou les 0,01 %, contre tous les autres. Ils avaient raison de le faire tant ces inégalités gigantesques sont moralement scandaleuses et socialement désastreuses.

Mais cette vision opposant les ultrariches et les ultrapuissants à un vaste ensemble « moyen » devenu vaguement homogène, à l’exception d’une minorité de pauvres et d’exclus, n’est pas toujours pertinente. En effet, les inégalités qui comptent pour les individus et les citoyens sont les « petites inégalités », celles qui nous touchent tous les jours, celles qui nous distinguent de ceux dont nous sommes pourtant relativement proches : l’autre quartier, l’autre profession, l’autre statut, l’autre lycée…

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Ces inégalités-là ont de lourdes conséquences politiques quand tous ceux qui se perçoivent comme les victimes des petites inégalités territoriales, éducatives, professionnelles… ne se sentent plus représentés et rejettent les élites, la « caste », et les plus pauvres qu’eux-mêmes. Les « gilets jaunes » ne sont pas si loin de nous et ils se sont moins battus contre les patrons et les super-riches qu’ils n’ont dénoncé le mépris des privilégiés.

« La crise exacerbe les comparaisons, les “jalousies” et les ressentiments à propos de petites inégalités qui cessent d’être insignifiantes et sont mêmes perçues comme vitales » 

A priori, la pandémie et le confinement nous rendent tous égaux puisque le virus est relativement démocratique en ne choisissant pas ses cibles. Il est aussi démocratique parce que la protection de tous dépend de la protection et de la responsabilité de chacun. Il est enfin démocratique parce qu’on découvre ce que nous n’aurions pas dû oublier : les institutions et l’Etat sont indispensables à la vie collective.

On redécouvre ce que le sociologue Emile Durkheim (1858-1917) appelait la « solidarité organique » : le travail de chacun contribue à la vie collective. Gageons qu’une fois sortis du confinement nous regarderons d’une autre manière les personnels soignants, les enseignants, les agriculteurs, les routiers, les artisans, les ouvriers, les employés municipaux et bien d’autres encore. Nous savons que les Etats-providence sont sortis renforcés des épreuves terribles des guerres mondiales, que les politiques ont repris la main sur les économies et que l’égalité sociale y a gagné.

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