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« C’est peut-être un virus qui fera la révolution monétaire que nous n’avons pas faite »

Face au désastre provoqué par la pandémie de Covid-19, les banques centrales pourraient redevenir des institutions politiques à même d’interagir directement avec la société, estime, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».

Publié le 28 mars 2020 à 09h30 Temps de Lecture 4 min.

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Le ministre des finances allemand, Olaf Scholz, et la présidente de la BCE, Christine Lagarde, à Bruxelles, le 17 février 2020.

Chronique. C’est une scène célèbre et la pandémie de Covid-19 lui donne, aujourd’hui, une saveur toute particulière. C’était le 5 avril 2018. Emmanuel Macron était en visite au Centre hospitalo-universitaire de Rouen (Seine-Maritime) et débattait fortement avec une aide-soignante. Se faisant la porte-voix de tous les personnels hospitaliers, celle-ci réclamait plus de moyens pour l’hôpital, et le président de la République lui répondit : « Il n’y a pas d’argent magique. » Deux années plus tard, face à la progression du Covid-19, M.Macron annonçait, mercredi 25 mars, « un plan massif d’investissements et de revalorisation des carrières » à venir dans les hôpitaux, une fois surmontée la crise en cours.

Avec le Covid-19 viendra donc peut-être le temps de la magie, où les liquidités pourraient apparaître là où l’on jurait qu’elles ne pouvaient plus se trouver. A l’occasion de la pandémie, la sorcellerie monétaire pourrait sortir du giron des banques commerciales et des banquiers centraux pour redevenir un instrument politique, un outil remis à sa juste place dans le fonctionnement de la société. La mise à l’arrêt de l’économie induite par la progression fulgurante d’une infection virale pourrait de fait engendrer les conditions d’un changement profond de politique monétaire – changement que nombre d’environnementalistes réclament, jusqu’ici en vain, pour financer la transition écologique. C’est peut-être un virus qui fera la révolution que nous n’avons pas faite.

Dans un ouvrage paru fin février (Une monnaie écologique, Odile Jacob, 288 pages, 22,90 euros) mais rédigé bien avant la catastrophe qui se déploie aujourd’hui, deux économistes, Alain Grandjean et Nicolas Dufrêne, plaident pour le desserrement du carcan monétaire. Seule manière, disent-ils, de mobiliser les moyens nécessaires à la transition urgente vers une économie qui ne détruise pas le cadre de vie de l’espèce humaine. Mais il faut pour cela, au préalable, se réapproprier la dimension magique de l’argent.

Une doxa déjà égratignée

Rappelons-le : l’argent se crée ex nihilo, par la volonté du banquier, par une décision comptable. L’argent apparaît dans les livres de comptes des banques commerciales et la valeur qui lui est attribuée ne tient qu’à ce que Pierre Bourdieu appelait un « acte de magie sociale » : une foi collective capable de changer en quelque chose d’autre des morceaux de papier ou des chiffres affichés sur un écran.

Ainsi, lorsqu’une banque accorde un crédit à un particulier ou une entreprise, par exemple, elle ne puise pas dans le stock de liquidités dont elle dispose : c’est la contraction de la dette qui génère les liquidités correspondantes. Le crédit fabrique la monnaie. Quant aux banques centrales, elles arbitrent et supervisent le système par l’injection de monnaie centrale sur le marché interbancaire et par la fixation des taux directeurs.

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