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« La crise du coronavirus signale l’accélération d’un nouveau capitalisme, le capitalisme numérique »

L’économiste Daniel Cohen analyse la crise sanitaire comme un moment de basculement de l’économie dans un nouveau régime de croissance et du rôle de l’Etat dans un nouveau mode d’intervention sociale.

Propos recueillis par 

Publié le 02 avril 2020 à 00h28, modifié le 02 avril 2020 à 10h29

Temps de Lecture 8 min.

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L’économiste Daniel Cohen, le 23 janvier 2015 à Paris.

Entretien. Daniel Cohen est professeur à l’Ecole d’économie de Paris – dont il est un des membres fondateurs – et directeur du département d’économie de l’Ecole normale supérieure. Membre du conseil de surveillance du Monde, il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages, dans lesquels il mêle diverses sciences sociales et histoire pour décrire de façon accessible aux non-économistes les grandes mutations socio-économiques anciennes et contemporaines, dont Les Origines du populisme, avec Yann Algan, Elizabeth Beasley et Martial Foucault (Seuil, 2019), et, chez Albin Michel : Il faut dire que les temps ont changé… (2018) ; Le monde est clos et le désir infini (2015) ; Homo Economicus (2013) ; La Prospérité du vice (2009).

Il est courant, dans le débat public, de comparer la crise actuelle à celles de 2003 (consécutive à l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère, SRAS), de 2008 et même de 1929. Ces comparaisons ont-elles un sens ?

La première comparaison qui est venue à l’esprit, lorsque la crise du coronavirus a commencé, a été en effet la crise sanitaire de 2003, elle aussi venue de Chine. Elle avait occasionné 774 morts et provoqué un ralentissement de la croissance économique mondiale de 0,2 % à 0,3 % à l’époque.

On en est désormais très très loin ! Avant même que la crise ne se propage aux autres pays, l’impact direct de la crise chinoise sur le reste de la planète avait changé d’échelle. Le produit intérieur brut (PIB) de la Chine a été multiplié entre-temps par huit et son rôle dans le commerce international a également bondi, pour représenter à lui seul 20 % des échanges !

Ce « virus chinois », comme l’appelle le président américain Donald Trump, a permis de mesurer l’extraordinaire dépendance où se trouvent un très grand nombre de secteurs industriels à l’égard de la Chine.

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La pandémie pourrait bien clore à cet égard un cycle économique qui a commencé avec les réformes de Deng Xiaoping en Chine au début des années 1980 et la chute du mur de Berlin, en 1989. L’onde de choc de cette mondialisation s’épuise. La guerre commerciale lancée par Donald Trump a d’ailleurs convaincu les Chinois eux-mêmes qu’ils devaient réduire leur dépendance à l’égard des Etats-Unis.

La crise de 2008 n’était-elle pas déjà une manifestation de cet épuisement ?

La crise de 2008 était née du projet délirant des grandes banques commerciales américaines de sous-traiter à des intermédiaires la tâche d’accorder des crédits à des ménages eux-mêmes en grande vulnérabilité, les fameux subprimes. Des produits extrêmement toxiques avaient été injectés dans le système financier international provoquant un effondrement général des marchés.

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