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« Inventer une éthique du futur prenant en compte la responsabilité pour des temps indistincts… »

La pandémie causée par le coronavirus impose de réfléchir aux implications du « principe responsabilité » tel qu’il fut conceptualisé par Hans Jonas, en 1979, analyse dans une tribune au « Monde » la philosophe Avishag Zafrani.

Publié le 05 avril 2020 à 07h00 Temps de Lecture 4 min.

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« On espère des utopies nouvelles, on rêve d’autosuffisance, d’air pur et de finir nos lectures. »

Tribune. Le temps, l’espace sont ces conditions a priori dans lesquelles nous vivons, toutes les expériences possibles du vécu s’y inscrivent. Aucune expérience n’est possible hors du temps et de l’espace. Mais ces jours-ci le temps se dissout et s’étend, l’espace se referme et s’agrandit simultanément. Ils sont suspendus à une appréhension, rythmée aussi par le compte des malades et des morts.

L’actualité dramatique veut être par ailleurs relativisée au profit des recentrements que permettrait le confinement. Une aventure psychologique en somme, façonnée à l’ombre des écueils économiques. On espère des utopies nouvelles, on rêve d’autosuffisance, d’air pur et de finir nos lectures. L’espace public est déserté, l’espace privé est saturé, de repos, de contentement, de télétravail ou de débordements. Les dichotomies se resserrent, les occultations sociales se déplacent.

A quoi le fétichisme de la marchandise cède-t-il la place ces jours-ci, puisque notre consommation est réduite ? Comment le capitalisme renaîtra cette fois-ci de la suspension de son activité ? Comment le politique s’exerce hors de cet espace public ? Mais quelque chose m’intéresse plus précisément ces derniers jours. On évoque parfois Hans Jonas (1903-1993) dans l’actualité quand il est question du « principe de précaution » que l’on pense issu du « principe responsabilité » forgé par le philosophe.

L’activité technologique et ses conséquences sur le temps lointain

On le cite souvent aussi pour critiquer une vision « pessimiste », « craintive » du cours de l’activité technologique des hommes – et de là, on disqualifie une pensée qui s’opposerait au progrès, ou encore qui stimulerait des affects timorés. Tout ceci est l’œuvre de lectures en diagonale, biaisées.

En réalité, Hans Jonas a élaboré une nouvelle ontologie, qu’il souhaitait prompte à déterminer une vie éthique, ce que nous résumons par un devoir-être fondé sur l’être. Quelles sont les lois de l’être ? Indiquent-elles des comportements adéquats, susceptibles de préserver les conditions d’existence des êtres humains ? Quel est cet être ? Le vivant.

Contrairement à d’autres philosophes, l’être n’est pas une essence conceptuelle oubliée, mais bien le vivant. De sorte que sa philosophie est une philosophie de l’environnement, une éthique du vivant. Mais plus encore, en tant qu’éthique, elle se heurte au problème du temps. Nous y revenons. L’activité technologique de l’homme, démesurée, a des conséquences sur un temps très lointain, qui concernent des générations qui n’existent pas encore, même si les effets sont déjà significatifs.

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