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Coronavirus : « La création monétaire n’est en aucune façon un remède miracle »

L’ancien membre de l’Autorité des marchés financiers Jean-Michel Naulot s’inquiète dans une tribune au « Monde » du gonflement du bilan de la Banque centrale européenne que va engendrer ses rachats massifs des dettes souveraines et du risque de « défaut ordonné » qui guette certaines d’entre-elles.

Publié le 10 avril 2020 à 15h00, modifié le 10 avril 2020 à 15h15 Temps de Lecture 5 min.

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« Une création monétaire abondante, fort agréable dans un premier temps pour les investisseurs, renvoie malheureusement à des expériences historiques douloureuses. »

Tribune. Les difficultés rencontrées pour parvenir à un accord au sein de l’Eurogroupe sont une fois de plus révélatrices du défaut initial de la zone euro. L’absence de budget destiné à compenser les chocs asymétriques, les inégalités historiques et géographiques, les divergences inévitables de politiques économiques, font de la zone euro un système incomplet, bancal.

Depuis dix ans, les capitaux ne circulent plus. Les dirigeants eux-mêmes sont divisés sur la nature de l’Union monétaire. La menace est réellement existentielle. Cette menace est d’autant plus réelle que les inégalités entre pays de la zone monétaire n’ont cessé de se creuser, attisant les divisions. Depuis la création de l’euro, la production industrielle a progressé de 31 % en Allemagne, alors qu’elle a baissé de 2 % en France et de 16 % en Italie.

La balance courante allemande est devenue massivement excédentaire (6 % à 9 % du produit intérieur brut – PIB – depuis dix ans). La dette publique allemande représente 61 % du PIB contre 100 % en France, alors que les deux pays étaient à égalité en 2000 (60 % du PIB). Face à ce tableau assez sombre, tous les regards se sont tournés depuis plusieurs semaines vers la Banque centrale européenne (BCE), seul élément stable et fédéral de la zone monétaire.

Une petite révolution pour la BCE

Christine Lagarde a déclaré que la BCE pourra désormais acheter des actifs « autant que nécessaire et aussi longtemps que nécessaire ». Cette monétisation de la dette publique, c’est-à-dire à la possibilité pour un Etat de se financer auprès de la Banque centrale, via le marché secondaire, autant que de besoin et de fait gratuitement, est une petite révolution pour la BCE.

Les marges de manœuvre, pour le moment importantes, pourraient cependant vite devenir plus étroites. Pour mettre en place cette monétisation, la BCE a en effet renoncé aux règles dites de proportionnalité (respect de limites par pays). Or, en 2018, la Cour de Justice du Luxembourg avait conditionné sa décision favorable sur le rachat des dettes publiques à l’existence de ces règles. De nouvelles actions judiciaires ne sont donc pas à exclure.

Si elle veut conserver des marges de manœuvre, la BCE doit surtout veiller à la taille et à la qualité de son bilan. Sa crédibilité en dépend. On a tendance à oublier que, de la fin de la seconde guerre mondiale à la crise de 2008, le bilan de la Réserve fédérale américaine (Fed) a constamment représenté autour de 5 % du PIB. D’ici la fin de l’année, il devrait passer de 20 % du PIB fin 2019 à près de 40 %.

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