Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

En Belgique, face à l’extrême droite, le « cordon médiatique » a sauté

Un trimestriel francophone donne pour la première fois la parole au dirigeant du mouvement d’extrême droite, Vlaams Belang, devenu le premier parti de Flandre.

Par  (Bruxelles, Correspondant)

Publié le 06 mai 2020 à 01h09, modifié le 06 mai 2020 à 05h29

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

LETTRE DE BRUXELLES

Tom Van Grieken, chef du parti politique d’extrême droite belge Vlaams Belang, à Schaerbeek, le 16 novembre 2019.

Ce devait être un numéro consacré à la seconde guerre mondiale, cet autre sujet qui divise Wallons et Flamands à propos, notamment, de la collaboration des uns et des autres avec l’Allemagne nazie, entre 1940 et 1945.

Mais comment sortir l’édition de printemps d’un trimestriel sans évoquer la pandémie ? C’est finalement Emmanuel Macron qui aura aidé Wilfried, ce magazine « qui raconte le pouvoir » : en parlant de « guerre » contre le virus, le président français a donné l’idée d’une jolie pirouette à cet ovni de la presse belge.

Wilfried fait beaucoup parler de lui et pas seulement parce qu’il sera parvenu, dans sa dernière production, à réaliser un habile mélange entre le combat contre le Covid-19 (« Jours de guerre en temps de paix », titre-t-il) et la période très sombre de l’histoire nationale qu’il ambitionnait d’éclairer. A savoir, cette collaboration massive, suivie d’une douloureuse phase d’épuration : 405 000 individus au total furent arrêtés et jugés pour trahison en Belgique. Un record européen, rappelle l’historien Ian Kershaw dans L’Europe en enfer, 1919-1949 (Le Seuil, 2016). Un nombre à relativiser toutefois, compte tenu de la faiblesse des peines généralement prononcées.

L’art honteux de la dénonciation

Wilfried, avec son (pré)nom délicieusement belge – qui ne fait pas référence aux Tuche, mais à Wilfried Martens, qui dirigea neuf gouvernements entre 1979 et 1992 –, voulait, au départ, briser un tabou. Et raconter que la collaboration de guerre fut aussi une affaire wallonne, officiellement occultée, « enkystée dans des histoires familiales », comme le dit un témoin. Une période marquée, notamment, par le fait que les francophones se livrèrent trois fois plus que les Flamands à l’art honteux de la dénonciation.

Pendant ce temps-là, de l’autre côté de la frontière linguistique, un jeune homme de 33 ans, dirigeant ce qui semble être devenu le premier parti de Flandre à en croire les sondages, met sur le même plan la collaboration et la répression. Interrogé par le magazine, Tom Van Grieken, leader du parti d’extrême droite Vlaams Belang (VB), répond en effet : « Les deux sont des pages noires de notre histoire ; on ne pourra de toute façon rien changer au passé. »

Lire aussi Article réservé à nos abonnés L’extrême droite flamande sans complexe

Et que pense-t-il, dès lors, des excuses que son homologue de l’Alliance néoflamande (N-VA, nationaliste conservatrice) Bart De Wever, maire d’Anvers, a présentées en 2015 à la communauté juive de sa ville en parlant de la « faute terrible » des collabos ? « C’est trop facile. La collaboration n’a pas fait du bien au mouvement flamand, absolument pas. Mais la répression n’a pas fait du bien à la Belgique. »

Il vous reste 54.43% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.