Durant une minute de silence marquant le dixième anniversaire de la catastrophe de Fukushima à Namie au Japon le 11 mars 2021.

Dix ans après Fukushima, la catastrophe vue du Japon : posez vos questions à notre correspondant

Le 11 mars 2011, l’archipel est frappé par un séisme qui provoque un tsunami, occasionnant 22 500 morts ou disparitions, et un accident nucléaire. Quel impact la catastrophe a-t-elle encore sur le pays ? Philippe Mesmer répond à vos questions.

Le 11 mars 2011, à 14 h 46 heure locale, un séisme sous-marin de 9,1 sur l’échelle de Richter survient à 130 km au large de l’archipel du Japon, dans l’océan Pacifique. Un puissant tsunami frappe ensuite la façade orientale de la région du Tohoku sur plus de 600 km de côtes. La vague géante submerge les digues de protection et provoque des destructions massives dans les villes côtières.

La mer envahit également la centrale de Fukushima Daiichi, provoquant le deuxième accident nucléaire le plus grave après Tchernobyl (1986). Une coupure électrique et une défaillance des générateurs de secours ont empêché le bon fonctionnement du système de refroidissement, engendrant des explosions dues à la surchauffe, un nuage radioactif et un écoulement d’eaux contaminées dans le Pacifique.

Au total, le bilan humain est lourd : 22 500 morts et disparus, la grande majorité engloutis par le tsunami. Quel impact la catastrophe a-t-elle encore sur le pays ?

Philippe Mesmer, le correspondant du Monde au Japon, répond à vos questions à partir de 10 heures.

Pour approfondir :

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Le Monde le 11 mars à 11h20
Ce tchat est maintenant terminé, encore merci pour vos contributions. Nous en publierons bientôt un compte rendu. Retrouvez aussi toute notre couverture des dix ans de la catastrophe de Fukushima sur Le Monde.fr. A bientôt !
Le Monde le 11 mars à 11h18
Cet échange se termine, c'est l'heure de la dernière question. Merci pour votre participation ! 
Bonjour. La catastrophe de Fukushima est comparable à celle de Chernobyl? Merci

-Vito Blasi

Bonjour Vito,

La catastrophe de Tchernobyl était l’explosion d’un réacteur mal protégé, laquelle avait provoqué la destruction du bâtiment et la dispersion du combustible. A la centrale de Fukushima, des pertes d’alimentation ont provoqué un arrêt des systèmes de refroidissement et la fusion de trois réacteurs. Il y a eu des explosions, mais le combustible est resté dans les bâtiments. Les rejets radioactifs ont été moindres à Fukushima qu’à Tchernobyl.

Les dépôts de rejets ont été observés à l’échelle européenne dans le cas de la centrale ukrainienne. Au Japon, les dépôts ont été observés jusqu’à 250 km de la centrale. D’après l’IRSN, la contamination au césium 137 avait atteint les 600 000 Bq par m² sur 13 000 km² dans le cas de Tchernobyl, alors que le rayon contaminé est de 600 km² dans le cas de Fukushima.

Le Monde le 11 mars à 11h12
Quels ont été les impacts de la tragédie sur la société japonaise ?

-Ju

Bonjour Ju,

C’est une question complexe. Pour les régions sinistrées du nord-est du Japon, la catastrophe a détruit des communautés entières, ce qui est particulièrement grave dans un pays où la communauté compte beaucoup. Elle a accéléré le phénomène de vieillissement de ces régions et provoqué de profonds traumatismes. Beaucoup de survivants disent que, si la reconstruction des bâtiments et des routes est terminée, celle des gens est loin de l’être. Les problèmes psychologiques sont importants.

Pour ce qui est de l’aspect nucléaire de la catastrophe, il a mis en évidence les dérives du secteur de l’atome et ses négligences. L’ancien premier ministre Naoto Kan a attribué la catastrophe nucléaire à l’orgueil humain. La commission d’enquête parlementaire ayant étudié cette catastrophe avait également mis en avant la responsabilité humaine.

Plus généralement, les habitants des régions voisines des centrales nucléaires sont aujourd’hui très réservés au sujet de la relance des réacteurs. Certains intentent des procès contre les opérateurs ou l’Etat, estimant que leur sécurité n’est pas garantie. Même discrète, l’opposition d’une bonne partie de l’opinion explique les difficultés du gouvernement à convaincre du bien-fondé d’une relance des réacteurs.

Au sujet des victimes et des évacués, vous pouvez aussi lire cet article :

Dix ans après Fukushima, les évacués confrontés au dilemme du retour

Le Monde le 11 mars à 11h03
Bonjour, quelles sont selon vous les raisons expliquant la relative frilosité des médias japonais quant à la mise en avant de sujets liés à l'environnement, la politique industrielle et en particulier le nucléaire ? Merci d'avance.

-Ant

Bonjour Ant,

Hormis quelques journaux et magazines, les médias japonais sont en général peu critiques à l’égard du gouvernement et des grandes entreprises. Par ailleurs, ces mêmes grandes entreprises, à commencer par celles du secteur automobile et de la production d’électricité, sont les principaux annonceurs des médias. 

Comme le gouvernement a annoncé un objectif de neutralité carbone d’ici à 2050, les questions environnementales sont un peu plus abordées. Mais certains sujets comme l’usage des produits phytosanitaires dans l’agriculture ou la très faible isolation des bâtiments sont plutôt occultés.

Le Monde le 11 mars à 10h53
Comment est traité ce macabre anniversaire au Japon ? Est-ce l'occasion de revenir en profondeur sur ces souvenirs malheureux et ses conséquences (à l'instar du présent direct), ou bien cherche-t-on avant tout à oublier et enfouir ce drame en n'en parlant pas ?

-Cadi
Bonjour Cadi,

Le dixième anniversaire de ce drame est abordé de façon importante au Japon. Les hommages sont nombreux. Une minute de silence a été observée aujourd’hui dans tout le pays à l’heure du séisme. Il peut néanmoins y avoir chez certains une volonté de tourner la page.

Sur le sujet, je peux vous renvoyer à ce compte rendu :

Le Japon se fige pour les 10 ans de la catastrophe de Fukushima
Le Monde le 11 mars à 10h51
Est-il vrai que si le vent avait tourné dans le mauvais sens, Tokyo aurait dû être évacué ?

-Holocene
Bonjour Holocène,

Le premier ministre japonais de l’époque, Naoto Kan, a expliqué que l’évacuation de Tokyo et de sa banlieue avait été envisagée. La direction du vent aurait peut-être pu amener une telle décision, même si évacuer 35 millions de personnes se serait révélé être un défi difficile à relever. C’est avant tout la situation géographique par rapport à la centrale qui dictait les décisions. Tout était particulièrement confus, et les informations parcellaires. 
Le Monde le 11 mars à 10h49
Sur lemonde.fr
Le Monde le 11 mars à 10h43
Bonjour, Quel est le coût total des travaux suite à la catastrophe? Déblaiement, démantellement, récupération, refroidissement, décontamination, stockage long terme... y a t-il plusieurs analyses sur le prix?
Merci

-Jane DOE
Bonjour Mme Doe,

Le coût du démantèlement de la centrale est estimé par le gouvernement à 167 milliards d’euros. La décontamination des territoires est quant à elle estimée à 24 milliards d’euros. A ces estimations, qui elles-mêmes sont le résultat de révisions à la hausse, il faut ajouter les dédommagements et autres prises en charge des frais des évacués. Des études indépendantes tablent sur des coûts bien supérieurs. 
Le Monde le 11 mars à 10h40
bONJOUR ET merci pour ce live. Je suis surpris des tragédies subies par le Japon vis à vis du nucléaire (bombe atomique et Fukushima). Y a t il un mouvement contre le nucléaire au Japon ? Quelle est la part du nucléaire dans l'électricité au Japon. Quelles sont les projets à moyen et long terme concernant l'énergie ? Merci

-Doc Fufu

Hello Doc,

Il y a au Japon un mouvement hostile au nucléaire, mais peu structuré et surtout peu médiatisé. Il y avait eu des manifestations importantes en 2011, mais peu ont fait l’objet de reportages approfondis dans la presse japonaise.

Avant Fukushima, le nucléaire représentait plus d’un quart du bouquet énergétique japonais. Aujourd’hui, seuls 9 des 56 réacteurs qui étaient en service avant 2011 fonctionnent. Sur ces 56  réacteurs, 21 devraient être démantelés.

Le Japon, pauvre en ressources naturelles, compte néanmoins sur le nucléaire pour son avenir énergétique, notamment pour atteindre l’objectif de la neutralité carbone d’ici à 2050.

Le Monde le 11 mars à 10h37
Bonjour
Que sait-on des retombées radioactives qu'il y eu à l'époque ?
Merci

-Cedric
Bonjour Cédric,

D’après l’IRSN, il y a eu des retombées de gaz rares, de tellures, d’iode ou encore de césiums. Pour les gaz rares, l’institut estime les retombées entre le 12 et le 26 mars 2011 à 6 550 pétabecquerels. Pour l’iode, il les estime à 408 PBq et pour les césiums à 58 PBq. 
Le Monde le 11 mars à 10h35
Sur lemonde.fr
Le Monde le 11 mars à 10h30
Pouvez-vous nous rappeler ce qu'est le corium, et pourquoi il est si difficile à manipuler ?

-EijiroSaito

Bonjour EijiroSaito,

En France, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire définit le corium comme un "un mélange d’oxydes d’uranium et de zirconium, de métaux non oxydés (zirconium et acier) et de produits de fission divers". Il est très hautement radioactif et il est difficile à manipuler car les appareils électroniques de type robot tombent en panne systématiquement quand ils s’en approchent.

Le Monde le 11 mars à 10h27
Bonjour. Les autres centrales nucléaires du Japon son-elles protégées contre des tsunamis de l'ampleur de Fukushima ?

-Sophie
Bonjour Sophie,

Après la catastrophe de Fukushima, le Japon a drastiquement renforcé les mesures de sécurité des centrales, notamment contre les tsunamis de grande ampleur, comme celui du 11 mars 2011. Pour que les centrales redémarrent, elles doivent les respecter. 
Le Monde le 11 mars à 10h25
Bonjour,
Quelle visibilité a-t-on quant aux conséquences de la catastrophe nucléaire sur la santé des japonais (voire des habitants des pays voisins) ?
Merci pour ce live et bonne journée.

-Jour

Bonjour Jour, et bonne journée également.

Il y a plusieurs aspects sur la question sanitaire. Le Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (Unscear) a conclu que la catastrophe n’avait causé aucun décès ni aucun effet négatif sur la santé. Or, le gouvernement japonais a reconnu qu’un travailleur de Fukushima était mort des suites de son exposition aux radiations.

Ensuite, il y a les effets indirects, au moment de la catastrophe, l’évacuation dans l’urgence et parfois chaotique des habitants a fait au moins 44 morts parmi les patients d’un hôpital.

Par ailleurs, toujours au sujet des effets indirects, il faut signaler les graves problèmes de dépression ds évacués. L’idée domine que pour les régions touchées uniquement par le séisme et le tsunami, la reconstruction offre une issue. Dans le cas de la catastrophe nucléaire, il y a la peur de la menace invisible des radiations et le sentiment que le problème restera là pendant des décennies.

Le Monde le 11 mars à 10h17
Malgré cette catastrophe et les événements climatiques qui le touchent régulièrement, comment expliquez vous que le Japon apparaisse comme un pays peu engagé sur les questions écologiques ?

-Jacques53
Bonjour Jacques,

La principale raison est sans doute un manque d’information. Jusque dans les années 1990, le Japon était plutôt considéré comme avant-gardiste sur les questions environnementales, notamment par la mise en place de politiques après les pollutions industrielles comme celle de Minamata. C’est aussi le pays de la Prius, première voiture hybride, et de l’interdiction du diesel à Tokyo. Mais la priorité toujours accordée à l’économie et l’importance de secteurs comme la construction ou l’automobile ont empêché tout débat d’émerger sur ces questions. 
Le Monde le 11 mars à 10h11
Bonjour,
Où en sont les travaux de démantèlement de la centrale nucléaire ? Que deviennent les matériaux ? Quel terme est fixé pour cette entreprise ?
Merci d'avance.


-Hyksos
Bonjour Hyksos,

Pour rappel, trois des six réacteurs de la centrale ont fondu et il y a eu trois explosions dans les jours qui ont suivi le séisme et le tsunami. L’objectif est de récupérer le corium [magma métallique et minéral constitué d'éléments fondus du cœur d'un réacteur nucléaire] au fond des bâtiments de ces trois réacteurs, puis de démanteler l’ensemble du site. Pour l’instant, les débris des explosions ont été déblayés. Les piscines des réacteurs contenant le combustible usagé ont été vidées ou sont sur le point de l’être. Il reste donc le plus difficile. Le gouvernement prévoit un démantèlement total d’ici à 2051. Mais cela pourrait prendre beaucoup de temps compte tenu des difficultés techniques pour atteindre le corium.
Le Monde le 11 mars à 10h05
Bonjour,
La ville de Fukushima en elle-même a-t-elle été touchée par la tragédie ? Quelles sont les zones qui restent inhabitées ?


-Laurie
Bonjour Laurie,

La ville de Fukushima, à une soixantaine de kilomètres de la centrale, n’a pas été incluse dans les zones d’évacuation. Mais elle a subi des retombées radioactives, comme une grande partie du département de Fukushima et de plusieurs zones hors de ce département, jusqu’au nord de Tokyo. Il reste quelques zones interdites d’accès dans le voisinage immédiat de la centrale, principalement à Okuma et Futaba. 
Le Monde le 11 mars à 09h42
Pour se rafraîchir la mémoire en attendant de commencer, notre synthèse :
Le Monde le 11 mars à 09h38
Bonjour et bienvenue dans ce tchat consacré à la catastrophe de Fukushima, survenue il y a dix ans, le 11 mars 2011. Philippe Mesmer, le correspondant du Monde au Japon, répond à vos questions à partir de 10 heures. N'hésitez pas à participer !

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