Un confinement total comme en mars n’est pas à l’ordre du jour. Cette option est pour l’instant exclue par Yves Van Laethem qui y voit un dernier recours. Le médecin plaide plutôt pour des lockdowns régionaux en fonction de la situation.
Emmanuel André est, lui, bien plus ferme. "On va droit dans le mur, estime-t-il. Le confinement est nécessaire. Il n’a pas encore été nommé par le monde politique. Il est aujourd’hui la seule option qu’il nous reste."
Pour Emmanuel André, il s’agit à présent de "faire des choix de société" et de décider quelles sont les activités essentielles à maintenir. Le dernier comité de concertation a fait porter à l’horeca la responsabilité économique de limiter l’épidémie. Ce choix sera-t-il suffisant ? Il est trop tôt pour l'affirmer avec certitude étant donné le décalage entre l’annonce d’une mesure et ses effets dans les chiffres.
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Jusqu’ici les autorités ont été claires : il faut faire tourner l’économie et garder les écoles ouvertes.
La culture et le sport, qui payent malgré tout un lourd tribut, peuvent pour l’instant tourner au ralenti. Mais un nouveau comité de concertation prévu ce vendredi 23 octobre pourrait changer la donne. En attendant, Valérie Glatigny (MR), la ministre des Sports de la Fédération Wallonie-Bruxelles, recommande aux clubs d'annuler les compétitions amateurs prévues ce week-end.
Sauver la Saint-Nicolas et les fêtes de fin d’année
Agir maintenant, c’est aussi permettre que les fêtes de fin d’année se passent de la meilleure façon possible. On est en octobre, mais la Saint-Nicolas n’est pas loin. Certaines grandes surfaces accueillent le grand saint dès la mi-novembre.
Il y aura ensuite Noël, puis le Nouvel An qui sont des moments de rencontre et de partage. Pour que les familles et les amis puissent se retrouver en bulle élargie, il faudra que le pic soit bien derrière nous.
C’est d’ailleurs le souhait affiché d’un pays comme l’Irlande qui reconfine sa population ce mercredi. Dans l’espoir de "célébrer Noël correctement", selon les termes du Premier ministre Micheál Martin, les Irlandais seront assignés à résidence pour six semaines. Une première dans l’UE depuis le printemps, mais les écoles resteront ouvertes. "On demande à tout le monde dans le pays de rester chez soi", a affirmé lundi le chef d’Etat.
Pour gagner du temps
Limiter les activités de certains secteurs permettra aussi de gagner du temps pour organiser une meilleure stratégie de testing et de tracing. Une tâche qui n’a pas été mise en place de façon optimale entre mai et septembre, comme en témoigne la saturation de centres de tests ces derniers jours. D’autres solutions que les tests PCR avec un écouvillon dans la narine existent. Reste à les autoriser si elles ont fait leurs preuves ou à les systématiser.
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CONTRE
Une économie à bout de souffle
Le confinement des mois de mars et avril a porté un coup très dur à l’économie. Depuis mars, ce sont 12 milliards d’euros qui ont été empruntés pour sauver l’économie. Le gouvernement emprunte à tour de bras pour soutenir l’Horeca, payer les chômages temporaires et les droits passerelle.
Se pose alors la question de savoir qui payera l’addition finale et surtout des moyens qui seront mis en place pour remplir le fossé de la dette. Dans le même temps, les pays qui ont agi tôt s'en sortent économiquement mieux que ceux qui ont laissé le virus se répandre avant de prendre des mesures parfois lourdes de conséquences. Rien n'est simple...
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Une crise sociale avec des inégalités qui se creusent
Les effets de la crise se font sentir pour les banques alimentaires et pour la Croix-Rouge. Cette dernière a lancé un cri d’alarme mi-octobre. "Nous distribuons en moyenne depuis mars 9000 colis alimentaires par mois. Rien qu’à Bruxelles les demandes sont multipliées par cinq. Si ça continue comme cela, et avec la reprise de la pandémie, nous craignons de ne pas pouvoir aider tous ceux qui font appel à nous", expliquait alors la porte-parole de l’organisation, Nancy Ferroni.
Pour une partie de la population, un nouveau confinement aurait des effets dévastateurs. Interrogée dans "Le Grand Oral" sur La Première le 17 octobre, Céline Nieuwenhuys, secrétaire générale de la Fédération des services sociaux et ex-membre du GESS (le groupe en charge jusqu’en août de l’exit strategy), faisait cette déclaration : "On a pris des décisions qui correspondaient à une espèce de classe moyenne supérieure."
Et d’ajouter : "En ce qui concerne le social dont je m’occupais, rien de ce qui était dans les revendications n’a été mis en œuvre par les autorités, à part le soutien aux CPAS au mois de juillet et 50€ par mois pendant 6 mois pour les ménages précaires… […] En ce qui concerne les matières sociales, j’ai constaté que le fédéral est bien plus déconnecté des réalités de terrain que les régions, c’est comme si le fédéral découvrait la crise sociale." Cette facture-là aussi, un jour, il faudra la payer.
Fermer les écoles : personne ne veut revivre le scénario du premier confinement
Des milliers d’élèves se sont retrouvés à la maison pendant plusieurs semaines cette année. Tous n’étaient pas égaux en matière d’accès à internet, de matériel informatique, de disponibilité des parents, d’accès aux cours de soutien…
Maintenir les écoles ouvertes à tout prix, le choix n’est pas encore remis en question. Car il faut que les parents puissent travailler. Et la suspension des cours entre mars et juin a laissé des traces… Une enquête menée par la Fédération Wallonie-Bruxelles en juin dernier avait conclu que, lors du confinement et pendant la rentrée de septembre, le soutien pédagogique et social des enseignants était "primordial".
Comment maintenir ce lien si des mesures plus restrictives sont mises en place ? Comment assurer l’égalité de l’accès aux savoirs ? Pendant le confinement 15% des élèves seulement ont eu des contacts "de vive voix" avec leur professeur au moins deux fois par semaine.
L’enquête de juin dernier a par ailleurs montré "que les élèves socialement moins favorisés, les élèves fréquentant l’enseignement de qualification, les élèves qui ont redoublé et les élèves à risque de décrochage sont moins souvent retournés à l’école, et que ceux qui sont restés chez eux redoutaient davantage d’être contaminés. La crainte d’une amplification des inégalités scolaires et sociales en raison du confinement et d’un retour à l’école non obligatoire se confirme donc".
Signalons que les établissements scolaires sont passés ce mercredi au code orange "adapté" avec un maintien des cours "en présentiel". Ce passage en code orange se fait cependant "sous réserve de ce qui sera décidé en comité de concertation vendredi", précise la ministre Caroline Désir.
Plomber un peu plus le moral des citoyens
Et le moral des Belges dans tout ça ? Comment rester optimiste quand on est sur le point de perdre son emploi ? Ou qu’on l’a déjà perdu à la suite du confinement et qu’on peine à revenir sur le marché du travail ? Comment tenir bon alors que les jours raccourcissent, qu’il pleut et qu’on passe dans quelques jours à l’heure d’hiver ?
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"Nous sommes des animaux sociaux : en situation d’incertitude, on a un besoin irrépressible de nous tourner vers les autres pour chercher des signaux réconfort, et le fait de voir chez les autres des signaux de réconfort est une aide très précieuse, donc ne sous-estimons pas nous-mêmes l’aide qu’on peut apporter aux autres", analysait Vincent Yzerbyt, psychologue social à l’UCLouvain interrogé la semaine dernière dans le journal télévisé.
A ce sujet, signalons que l’Agence pour une vie de qualité (AVIQ) a rassemblé sur son site internet "des ressources pour vous aider à prendre soin de vous et à trouver du soutien" en cette période.
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